Thèse en préparation
Juliette Petit, « "Nous sommes tous des meneurs" : enquête sur la radio Parloir Libre, révoltes carcérales sur les ondes (1983-1992) », thèse en préparation à l’Université Paris 8, sous la co-direction de Michel Kokoreff et de Benoît Lelong.
Présentation :
Nous partons du constat que les années 1980 sont souvent décrites comme une période de récession du collectif, alors même que cette décennie concentre les plus grandes révoltes que la prison française ait connues depuis 1974. Face à cette contradiction, notre thèse entend au contraire montrer le rôle charnière qu’ont eu les luttes anticarcérales au sein d’une séquence politique plus large prise entre les années 70 et les années 90, tant au niveau du monde médiatique, carcéral, que des mouvements sociaux. Articulant les approches sociologiques et communicationnelles, nous étudierons la scène militante anticarcérale qui anima les ondes franciliennes des années 80. Celle-ci sera appréhendée à partir de données qualitatives. Nous prendrons appui sur des archives d’époque, re-coupées d’entretiens avec d’anciens détenus, animateurs radio et militants d’alors. Il s’agira d’éclairer les liens qui existent entre prisonniers en lutte et militants issus de l’autonomie, noués autour d’une pratique médiatique résistante. Par l’étude d’un corpus d’archives sonores à l’aube de la normalisation des radios libres – principalement celles de l’émission anticarcérale Parloir Libre créée en 1985, mais aussi celles d’émissions non militantes –, cette thèse tentera de démontrer que c’est à la logique carcérale elle-même que le dispositif radiophonique dessine une riposte, se faisant lieu et outil d’une subjectivation politique collective. Ce sont les luttes anticarcérales, celles de l’immigration, des quartiers populaires et de l’extrême-gauche autonome qui se trouvent intriquées dans l’étude de cette critique en acte des logiques d’exclusion, de Parloir Libre au Comité National Contre la Double Peine.
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