lundi 18 mars 2024 à partir de 14h00
Site Pouchet du CNRS, salle de conférences (RDC)
Angel Baraud, « Des chômeuses comme les autres ? Ethnographie de l’encadrement du chômage et de "l’inactivité" dans un quartier populaire urbain », thèse de doctorat en sociologie réalisée à l’Université Paris 8, sous la direction de Yasmine Siblot et de Coline Cardi.
Composition du jury
Anne Bory, maîtresse de conférences, Université de Lille
Coline Cardi, maîtresse de conférences, Université Paris 8 (co-directrice)
Nasima Moujoud, maîtresse de conférences, Université Grenoble Alpes
Sophie Pochic, directrice de recherches CNRS, Centre Maurice Halbwachs (rapportrice)
Yasmine Siblot, professeure des universités, Université Paris 8 (directrice)
Maud Simonet, directrice de recherches CNRS, IDHES-Nanterre (rapportrice)
Résumé
Cette thèse éclaire les effets des processus d’activation de l’État social qui ont cours depuis les années 1990 en France visant à redonner une place centrale au travail dans un contexte de dégradation continue du marché du travail et de l’emploi. Ces transformations sont étudiées à partir d’une enquête dans un quartier populaire urbain auprès de femmes chômeuses et « inactives ». L’approche ethnographique permet de dépasser et discuter les catégorisations administratives et andocentrées du chômage souvent reprises à leurs compte par les sociologues. En prenant appui sur les apports de la sociologie des migrations, du genre et des classes populaires, on montre comment le genre et la race structurent les formes contemporaines de gestion du chômage et du non-emploi des classes populaires. L’étude des relations quotidiennes à Pôle emploi et aux institutions locales du champ de l’insertion laisse à voir comment les politiques d’activation en liant indemnisation, accompagnement et contrôle participent au renforcement de la « tolérance sociale »au chômage des femmes des classes populaires et immigrées tout en les incitant à différentes formes de travail gratuit : parental surtout mais également bénévole ou citoyen. Dans un contexte de dégradation des services publics, ces différentes formes de mise au travail sont impossibles à « concilier » pour ces femmes aux ressources économiques limitées. Ces injonctions ne se déploient toutefois pas sans résistances de la part de ces chômeuses et « inactives » qui opposent, en pratiques, leurs expériences et leurs définitions du travail et du chômage à celles des professionnel·les, ouvrant ainsi des espaces de résistance.